La liberté est fondamentale pour tous les individus. La meilleure défense de la liberté reste la laïcité. C’est pour cette raison qu’il n’existe pas de définition précise de la laïcité ; car la laïcité est la liberté de conscience. La liberté religieuse n’étant qu’un cas particulier de la liberté de conscience. L’individualisation de la société avec l’avènement de la globalisation et l’explosion du numérique malmène tous les peuples. Mais nous ne devons pas tourner le dos au progrès. Dans ce nouvel ordre économique, le social devient un résidu dévolu à la charité. Et le caritas prend le pas sur la solidarité.
C’est l’effet direct de la concurrence libre et non faussée, qui par son expression, promeut le moins disant social. Est-ce pour cela que les religions retrouvent une séduction grandissante ?
La condition d’un vivre ensemble pour faire société est conditionné par des services publics forts et présents. Vouloir les réduire conduit inexorablement aux rapports de force qui défient le droit. Les hôpitaux végètent, la sonnette d’alarme a été tirée par les professionnels de la santé et maintenant les professeurs de médecine démissionnent en masse. Les transports sont déréglés par des mouvements revendicatifs dénonçant cette volonté de désorganisation. Les Finances Publiques connaissent une réduction d’effectif sans précédent ne permettant plus ou du moins très difficilement un contrôle. Mais c’est aussi la Justice, c’est encore l’Education qui voient leur énième réforme.
La République se faïence, les services publics qui permettaient cette solidarité laïque et sociale par la Constitution tremblent. L’ensemble des statuts qui garantissaient la stabilité d’un Etat fort est en train de se transformer. La sémantique est précise, ce gouvernement n’évoque pas la disparition, mais la transformation, induisant l’idée que la volonté est progressive. La réalité est autre, elle est régressive !
La détresse sociale nourrit les replis communautaristes, sape et détruit notre principe laïque. Les ressorts de cette manipulation relèvent plus d’une volonté politicienne extra-libérale que de croyance. Mais les clergés et autre construction religieuse y voient leur intérêt et reviennent en force. La ResPublica, c’est-à-dire le bien commun où les différences étaient vécues comme une richesse, n’est plus partagé par tous. Au profit de la captation d’un vide comblé par des dieux, qui auront comme fonction d’affaiblir le citoyen au profit d’un supposé croyant. Et cet affaiblissement entrainera une guéguerre des dieux. Ces divisions desservent notre République Démocratique. Si la laïcité n’est pas l’athéisme, elle n’est pas non plus la promotion des religions.
Restons vigilants, notre Président conserve une prudence avec la laïcité. Le journal du Dimanche (19 janvier) nous informe d’une expression de M. MACRON sur ce sujet avant les élections municipales. Il missionne Marlène SCHIAPPA, secrétaire d’Etat à l’Égalité entre les femmes et les hommes, mais elle s’entoure par obligation présidentielle de M. Aurélien TACHE.
Mon inquiétude se fonde sur la lecture de M. TACHE. C’est une lecture anglo-saxonne, c’est-à-dire communautariste, où l’individu existe par ses convictions religieuses, par ses croyances. Nous nous alignons sur une spiritualité anglo-saxonne et quittons la philosophie française héritée des lumières, spiritualité laïque dont le principe est avant tout la liberté, c’est-à-dire de croire ou de ne pas croire. Cette libéralité spécifique plutôt mal comprise hors de l’hexagone, devient en France de plus en plus alambiquée. Les directives de l’observatoire de la Laïcité tendent vers des recommandations avec des accommodements, (voire des pratiques de clientélisme) pour une paix charitable, mais pas sociale.
L’idée dominante omniprésente retenue est de croire ; voilà votre liberté de croire ce que vous souhaitez, mais de croire. Cela devient une communauté de croyants, ce n’est plus une République laïque.
PICHOT Alexandre – Président de l’Ufal-Toulon