Longtemps j’ai cru que le travailleur indépendant était l’ossature de la liberté, dans une société libérale, d’une démocratie républicaine à la française, ce que nous nommions social-démocratie. Mais cette réflexion symbolique n’a pas résisté à la raison, même si ce leurre est savamment entretenu.
Ce qui m’amène à questionner le travail sur sa forme comme sur son fond. L’idéal-travail comme seule manifestation à la réalisation de sa vie se heurte :
- A la raréfaction des emplois,
- A une entrée sur le marché de travail de plus en plus tardive
- A une société qui compte de plus en plus de retraités,
- Evoluant dans des crises climatiques,
- Evoluant dans des crises sanitaires.
Cet idéal doit nous faire repenser sans tarder notre modèle de production et de travail que nous souhaitons.
Continuer à proposer le travail comme seule solution progressive au peuple à sa libération est une vulgate dangereuse dans notre monde, surtout globalisé. L’ensemble des valeurs du travail repose sur une vision du XIXème siècle. Où nous cherchons le progressisme, nous trouvons le conservatisme d’une époque révolue.
Le travail n’est pas une valeur morale, mais une valeur marchande à l’inverse de la valeur de la générosité ou de la justice. Nous n’achetons pas la générosité, il n’y a pas de marché de la justice comme il y a un marché du travail.
Il y a un code du travail mais les grands entrepreneurs, épris d’une liberté à sens unique et exclusive, veulent le détricoter ; ils ont commencé avec les cotisations, qui sont devenues dans le langage usuel des charges, puis remis en question les prud’hommes etc. Ce détricotage continue avec notre gouvernement, le 15 février 2021, un avant-projet d’ordonnance réforme le droit des sûretés en prévoyant de rétrograder le « super-privilège » dont bénéficient les salariés dans le cas de procédures collectives… A qui profitera le « super-privilège » ? Aux mandataires judiciaires ! Tout cela sur fond de crise sanitaire.
Alexandre PICHOT Président de l’Ufal-Toulon