Bien à vous Monsieur PATY.

Voilà un an qu’une monstruosité fanatique a privé un homme de la vie. Cet homme avait une volonté citoyenne et professionnelle exemplaire. Il était enseignant. Sa détermination était de porter haut la liberté de conscience. 

C’est l’autre qui nous permet le sentiment de liberté, c’est l’autre qui permet la construction sociale, par la république et par la religion. Il y a des ponts communs entre république et religion, l’une permet à l’autre de s’exprimer, mais la réciprocité ne l’est peut-être pas. 

Le monothéisme revendique ses lois sur sa communauté, mais l’esprit de conquête affirmé par leur caractère impérialiste n’a de cesse de vouloir gagner des fidèles. Alors que la loi de la République s’impose à tous, par la crainte, mais non par la terreur. 

La religion est un mouvement de l’âme qui prétend à aller au-delà, qui prétend à aller vers l’absolu. Mais que propose la République sinon de tendre aussi vers l’absolu : les droits inaliénables de l’homme ; il y a un appel de l’absolu dans l’exigence républicaine. C’est Rousseau qui évoque le droit sacré de la République, cet espace, ce moment, cette durée qui renvoient à un absolu qui inspire le respect et la crainte. Le respect tient à l’institution et la crainte c’est la loi. Mais la crainte, je le répète, n’est pas la terreur et le respect n’est pas la soumission. C’est ce relais que M. PATY s’efforçait de transmettre.

Nos consciences sont-elles le fruit de notre condition sociale ? Dit autrement, la conscience est le fruit de l’existence sociale, la conscience n’émerge-t-elle pas par la société ? Alors, l’ordre social détermine son contenu et limite notre liberté. Et côté religion la liberté est l’oppression de vérités immuables qui dictent de manière manichéenne le bien et le mal ; où la république convoque le bon et le mauvais. Là aussi, M. PATY défendait la différence entre le bien et le bon, entre le mal et le mauvais. La caricature n’est pas le mal, elle peut être considérée comme mauvaise, comme discutable. Le respect s’impose entre les débateurs, mais la critique peut être violente à l’encontre de symboles, d’icone et de tout signe. Cette liberté d’expression est l’expression de la liberté, comme la procession ou les tenues vestimentaires dans les rues. La république n’admet aucune entrave dans l’expression du citoyen quand celle-ci respecte la loi. Et le rappel à la loi du ministre de l’Intérieur le 5 octobre dernier, portant sur le secret de la confession, illustre ce propos. Les lois de la République sont au-dessus de la charia ou de confesse.

Cette liberté de conscience permet aux croyants de pratiquer leur culte dans notre république et notre république permet de caricaturer les religions et leurs symboles. Si le sacré est convoqué, c’est du côté de l’humain et, en aucun cas, pour des constructions spirituelles de tous ordres, qui trop souvent, mènent le troupeau. Nous y voyons là la foule mais pas le peuple, pour paraphraser Hugo.

La commémoration de ce geste inhumain nous amène à une réflexion plus profonde sur les fanatiques religieux, et, dans le cas de Samuel Paty sur le fanatisme islamiste. Ce sont les musulmans qui subissent au premier chef ces horreurs. Restons dans le même esprit que Samuel Paty. Il inculquait à ses élèves de penser par eux-mêmes, efforçons-nous de cultiver ce chemin.

Alexandre PICHOT Président de l’Ufal-Toulon

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